Les espaces emblématiques
Une maison pour tous
Le 14Trévise est un des premiers bâtiments YMCA à répondre au besoin en logement et en restauration. La YMCA Paris innove sur ce point : offrir le gîte et le couvert à ses jeunes membres est encore assez inédit dans les YMCA américaines de l’époque. Ainsi, dès l’ouverture de son bâtiment, l’association parisienne met en location meublée des « chambrettes » pour ses jeunes membres. Le restaurant, quant à lui, est ouvert aux membres et aux non-membres dès 1893 : on propose aux jeunes ouvriers du quartier de se nourrir sainement à petit prix. On y servira jusqu’à 300 couverts par repas. Une buvette et une crèmerie viennent même compléter l’offre quelques années plus tard. Seule subsiste aujourd’hui l’offre en logement, la restauration ayant disparu dans les années 1960-1970.
DE L’IMMEUBLE DE RAPPORT AU FOYER
Le bâtiment sur rue, acheté avec le terrain, était un immeuble de rapport sur 4 étages et un entresol, à l’architecture faubourienne typique des années 1850. Ses 4 appartements familiaux seront progressivement transformés pour accueillir jusqu’à 6 chambres par étage, et former ce qui deviendra le Foyer de Trévise.
Plans de transformation d’un étage type.
LES CHAMBRES
En petit nombre et situées sous les combles du bâtiment sur cour (près de la cuisine), les « chambrettes » sont d’abord réservées aux membres de la YMCA Paris parmi les plus assidus. Il s’ouvrira progressivement de nouvelles chambres (simples, doubles ou dortoirs) dans le bâtiment sur rue au fur et à mesure de la libération des appartements par leurs anciens locataires, jusqu’à former ce qui va devenir le Foyer de Trévise. On comptait moins d’une dizaine de places en 1893, pour 48 places aujourd’hui.
L’ESPRIT FOYER
« Dans ces murs, qui ont été ma maison pendant quatre ans, j’ai vécu pleinement ma vie parisienne, et j’ai rencontré une multitude de personnes, toutes différentes. Chaque personne y vit une aventure inédite, mais toutes et tous nous sommes portés par un souffle commun. Ils étaient mes colocataires, ils sont devenus mes amis, ils sont devenus ma famille ». Abel, étudiant résident, 2019
LES CUISINES
L’architecte a placé les cuisines sous les combles, pour que les conditions de travail des cuisiniers soient optimales (espace, ventilation, lumière, hygiène), mais également afin que les odeurs ne viennent pas perturber les nombreuses activités du bâtiment. Pour Emma Bullet, journaliste américaine de l’époque, c’est « la seule maison parisienne où les odeurs de cuisine montent directement au ciel […], pour veiller à ce que personne en-dessous n’en soit incommodé. »
LE RESTAURANT
Ouvert à tous, le restaurant proposait un rapport qualité-prix imbattable aux jeunes ouvriers et employés du quartier. En 1924, trente ans après son inauguration, un journaliste du Gaulois reste impressionné par sa modernité: « Cette entreprise laisse bien loin derrière elle, comme confort, organisation et cuisine, tous les baraquements de jadis et les restaurants dits populaires. Elle mérite d’être citée en exemple. On entre dans un local spacieux, propre, et bien aéré, et tout de suite cette belle ordonnance séduit le visiteur. »